Le lapin

 Le Lapin nous enseigne l’art de survivre sans s’endurcir.

Il nous rappelle qu’on peut être vulnérable et intuitif, doux et redoutablement lucide.

Il nous invite à écouter nos frissons, nos pressentiments, nos replis, non comme des faiblesses, mais comme des formes subtiles d’intelligence adaptative.

Il symbolise la sensibilité aiguisée, l’instinct affuté, la conscience d’être vivant dans un monde mouvant. Le Lapin ne dort jamais vraiment : une oreille reste toujours tendue vers l’invisible. Il capte ce que les autres ne remarquent pas, perçoit les signaux faibles, anticipe les secousses.

Il nous murmure que nos peurs ne sont pas des ennemies. Elles sont des messagères. Elles racontent l’histoire de nos blessures, mais aussi de notre créativité. Car fuir, se tapir, bifurquer, s’enfoncer dans un terrier ou surgir soudainement, tout cela demande de l’ingéniosité.

Il est le guide du discernement instinctif : celui qui ne vient pas du mental, mais du ventre, du rythme cardiaque, de l’épiderme qui frissonne. Il ne dit pas « Ne crains rien ».

Il dit : « Reconnais ce que tu ressens. Puis choisis intelligemment quand courir, quand observer, quand rester. »

Le Lapin est aussi messager de renouveau, d’élan vital, de germination intérieure. Il est le printemps de l’âme, cette part de soi qui croit encore aux possibles, même après la peur. Sa fécondité n’est pas que physique : elle parle d’idées, de projets, de rêves qui cherchent à naître. Il nous reconnecte à l’élan de vie, à la douceur d’être au monde, aux micro-bonheurs du quotidien.

🌙 Dans une lecture jungienne, il évoque l’Ombre de la fuite ou de l’évitement : cette tendance à se cacher derrière l’anxiété, à devancer les dangers imaginaires, à s’auto-saboter pour éviter l’exposition. Mais il en est aussi la lumière : le courage d’être prudent, la sagesse du repli stratégique, la force de suivre son intuition sans avoir à se durcir.

Le Lapin incarne la paix intérieure en milieu incertain, la douceur qui choisit de rester vivante, même dans un monde qui piétine. Il est la tendresse qui veille, la vulnérabilité éclairée, le petit battement de cœur qui dit : je suis là, encore, malgré tout.