L'Innocent
- Caroline P.
- 15 juin
- 4 min de lecture
Introduction symbolique
L’Innocent ou l'utopiste, le rêveur, incarne cette part en nous qui, malgré les blessures ou les chaos traversés, continue à croire que la bonté est possible. Il ou elle recherche la paix, la clarté, la simplicité. C’est souvent une figure intérieure jeune, parfois idéalisée, qui voudrait un monde sans conflit ni souffrance. Il ne s'agit pas d'ignorer les ombres, mais de conserver une lumière d'espérance face à elles.
Là où certains voient de la naïveté, l’Innocent détient une forme de sagesse originelle, une mémoire de ce que pourrait être un monde réconcilié.
Mais cette aspiration peut devenir une entrave lorsque la réalité, complexe, ambivalente, entre en tension avec cet idéal.
L’Innocent alors, pour se préserver, peut nier, fuir ou se suradapter.
Cet archétype, très présent dans les premiers temps d’un travail thérapeutique, appelle à une lente maturation. Il ne s’agit pas de le faire taire, mais de l’aider à traverser le réel, sans perdre son regard clair. Il porte un potentiel immense de réenchantement, pour peu qu’il soit accompagné avec douceur, nuance et solidité intérieure.
En séance, on l’entend dire :
« Je veux juste que tout se passe bien. »
« J’ai peur de décevoir, de mal faire. »
« Je préfère éviter les conflits, ça me fait trop de mal. »
« Je veux retrouver ma lumière, mais je ne comprends pas pourquoi j’ai peur de tout. »
Ce qu'il recherche éventuellement :
L’Innocent cherche à être protégé. Il ou elle adopte souvent une posture d’adaptation douce, évite les situations menaçantes, reste dans des relations "gentilles". Cette figure se méfie de la complexité, du chaos, de la douleur. Elle peut vivre dans un monde idéalisé pour ne pas affronter le réel.
Le bonheur simple, stable et sincère
La sécurité émotionnelle
La clarté morale : savoir ce qui est bien ou mal
La compréhension,
Être validé
Peur principale :
Être puni·e pour avoir mal fait, être rejeté·e ou abandonné·e
Qualités :
Confiance,
optimisme,
ouverture du cœur,
émerveillement
Ombres :
Déni,
naïveté,
évitement du conflit,
infantilisation
Tourné vers le passé
Impressionnable
Quand l’Innocent est en déséquilibre :
Il refuse de voir ce qui dérange
Il se suradapte en niant ses besoins profonds
Il devient dépendant de figures d’autorité "bienveillantes"
Stratégies d’évitement :
Minimiser ce qui blesse
Sourire pour ne pas inquiéter
Refuser de se confronter à ses zones d’ombre
Stratégies de régulation :
Apprendre à poser des limites douces mais fermes
Pratiquer l’accueil des émotions inconfortables
Introduire la nuance sans perdre l’espoir
💭 Pause-carnet introspectif
Qu’est-ce que je ne veux surtout pas voir en ce moment ?
Où ai-je besoin d’apprendre à dire non sans culpabilité ?
Quelle peur se cache derrière mon besoin de "faire bien" ?
Quand ai-je ressenti un vrai sentiment de paix intérieure, et pourquoi ?
Pistes de réflexion thérapeutique
Comment mes attentes idéales sur la vie ou sur les autres influencent-elles mes réactions ?
Dans quelles situations ai-je peur de perdre l’amour si je m’affirme ?
Quelles sont mes blessures d’enfance liées à la déception ou à l’injustice ?
Ai-je une tendance à confondre harmonie et immobilisme émotionnel ?
Où puis-je introduire un peu plus de vérité dans ma manière d’être… sans me brutaliser ?
L’Innocent mature : habiter la lumière avec conscience
L’Innocent qui a trouvé un équilibre ne cherche plus à fuir le réel, mais à le traverser avec espoir. Il ou elle garde sa capacité à s’émerveiller, tout en sachant que le monde est complexe, parfois injuste, et que cela ne l’empêche pas de garder sa foi en l’humanité.
Vous avez peut-être traversé des deuils, des désillusions, des ruptures de confiance. Et malgré cela, ou grâce à cela, votre Innocent intérieur a évolué. Il ne cherche plus à plaire, mais à rester aligné·e avec ses valeurs, sans sur-adaptation. Il n’efface plus ses émotions pour ne pas déranger. Il devient une source de douceur incarnée, avec une colonne vertébrale.
Ce que vous portez, alors, c’est une forme de sagesse lumineuse. Une foi tranquille, sans fanatisme. Une paix intérieure qui n’est pas une fuite, mais une ancre.
« Je peux croire… sans me mentir. » « Je peux espérer… sans oublier ce qui a été. » « Je peux rayonner… sans nier mes ombres. »
Pour conclure…
L’Innocent en vous n’est pas un enfant naïf à faire taire, ni une illusion à détruire. Il est une mémoire vivante de ce qui a été doux, ou de ce qui aurait dû l’être. Il vous relie à votre part lumineuse, à votre capacité à croire, à espérer, à guérir.
Mais cette figure ne peut évoluer sans que vous la regardiez avec un peu plus de maturité. Cela ne signifie pas la rejeter, mais l’accueillir avec délicatesse, tout en lui proposant des repères plus solides.
Ce travail n’a rien d’un effort brutal. Il se fait dans l’espace de l’écoute, du temps, de la nuance. Il consiste à reconnaître ses blessures d’attente, sa peur d’être puni·e, et sa difficulté à tolérer l’imperfection — en soi comme chez l’autre.
Vous n’avez pas à forcer quoi que ce soit. Peut-être suffit-il, pour aujourd’hui, de remarquer quand votre Innocent s’exprime, et de lui parler avec bienveillance.
« Je vois que tu veux que tout soit paisible… Et je suis là, même quand ce n’est pas le cas. »
C’est ainsi que l’Innocent gagne en présence. Non pas en disparaissant, mais en s’ouvrant à la complexité du monde, tout en gardant sa lumière.
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