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L'Atelier de la Psyché

Mars : Le conte de la lune de Sève

Dernière mise à jour : 2 juil.


Le Chant des Racines


Mars était arrivé, et avec lui, ce point d'équilibre magique où le jour et la nuit se regardaient en égaux. Dans l'air flottait une tension palpable, une lutte entre le dernier souffle froid de l'hiver et la promesse chaude et humide de la terre qui s'éveillait. C'était le temps de l'Équinoxe. Partout, la sève montait, une force invisible et puissante poussant la vie vers la lumière.


Pourtant, alors que le monde extérieur trouvait son équilibre, la Marcheuse se sentait plus que jamais écartelée. Elle arpentait les sentiers, le regard perdu dans le fouillis des branches encore nues. En tant que "Créatrice", elle était devenue un pilier pour les autres, un cœur à l'écoute, une main toujours tendue. Elle veillait sur les liens de sa tribu avec une infinie patience, oubliant que ses propres racines, à force de nourrir les autres, s'épuisaient dans un sol devenu pauvre. Elle s'effaçait derrière ses rôles, comme une ombre sous la canopée, jusqu’à ne plus savoir où finissaient les attentes des autres et où commençait sa propre vérité.


Cette nuit-là, sous la Pleine Lune de la Sève, alors qu'elle s'enfonçait dans la forêt, un mouvement attira son attention. Un Blaireau, massif et puissant, au pelage noir et blanc comme l'équilibre du jour et de la nuit, creusait la terre avec une détermination farouche. Il ne semblait pas la voir, entièrement absorbé par sa tâche. Il arrachait des racines mortes, des cailloux, et les rejetait avec force, tout en prenant soin de ne pas abîmer les racines saines d'un grand chêne.


Fascinée, la Marcheuse s'approcha. L'animal leva enfin vers elle son regard intelligent et ancien.

"Tu t'épuises à vouloir faire fleurir les branches sans jamais soigner les racines," gronda-t-il d'une voix graveleuse. "Ton esprit flotte parce qu'il n'est plus ancré à rien de vrai."

"Je ne sais plus quelles racines sont les miennes," murmura-t-elle, la gorge serrée. "J'ai peur que si je commence à couper, il ne reste plus rien de ce que je suis."

Le Blaireau renifla, puis lui fit signe de la tête.

"Alors il est temps de descendre dans ton propre terrier. Viens."


Il la mena non pas à une grotte, mais à l'entrée de son propre gîte, un réseau complexe creusé entre les racines puissantes du chêne. — "Nul ne peut te dire quelle racine couper. C'est un chant que seule ton âme connaît. Descends en toi-même, sans crainte, et écoute."

La Marcheuse pénétra dans l'obscurité du passage. Les ténèbres l'enveloppèrent, non comme une menace, mais comme un retour à la terre nourricière, un écrin protecteur. Dans son monde intérieur, elle vit un entrelacs de racines suspendues. Certaines étaient solides, vibrantes, parcourues d'une sève lumineuse. D'autres étaient sèches, tordues, noueuses, et suintaient une sève sombre et amère.


La voix de l'Astre-Lune l'accompagna, douce et claire. « Chaque racine est une croyance, un héritage, un lien. Celles qui t'alourdissent ne demandent qu'à être rendues à la terre. »

Elle tendit la main vers une racine particulièrement noueuse, celle qui murmurait : "Tu dois toujours faire plaisir pour être aimée." 


En la touchant, la racine sembla se contracter, résister, lui montrant des images où cette croyance l'avait protégée, lui avait valu des sourires. Mais la Marcheuse sentit aussi tout le poids de l'inauthenticité qu'elle charriait.

"Je te remercie pour la sécurité que tu as cru m'offrir," dit-elle d'une voix ferme. "Mais aujourd'hui, je choisis d'être aimée pour ce que je suis. Mon chant n'est plus le tien." La racine se délita en poussière, retournant au sol. Elle fit de même avec la racine de la culpabilité, celle de la peur de dire "non". Chaque libération était un effort, mais laissait place à une incroyable sensation de légèreté. Puis, elle se tourna vers les racines saines : celle de la créativité, de l'amour reçu, de sa connexion à la nature. Elle les serra avec gratitude, leur insufflant sa propre énergie, choisissant consciemment de les renforcer.


Lorsqu’elle rouvrit les yeux, le Blaireau l'attendait. "Tu as retrouvé ton chant," dit-il simplement. Dehors, l'air de l'équinoxe lui sembla plus équilibré que jamais. Elle était la même, et pourtant, tout en elle avait changé. Elle se sentait ancrée, forte comme le chêne au-dessus du terrier, libre comme le Blaireau maître de son domaine.


Dans les jours qui suivirent, elle mit en pratique cette nouvelle clarté. Elle osa dire "non" à une demande qui l'épuisait. Elle osa demander de l'aide pour un projet. Elle osa exprimer un désir. Et chaque acte d'affirmation faisait monter en elle une énergie nouvelle, une sève puissante qui nourrissait ses propres branches. Elle sentait maintenant, avec une certitude tranquille, quelles racines la connectaient à sa force et lesquelles la liaient à ses anciennes peurs. Son pouvoir ne résidait pas seulement dans ce qu’elle était, mais dans ce qu’elle choisissait, chaque jour, de nourrir en elle.

Et au sommet du vieux chêne, les premiers bourgeons, gorgés de cette sève choisie, s'ouvrirent à la lumière grandissante du printemps.


Les enseignements de la Pleine Lune de Sève :


La Lune de Sève, au tout début du printemps, nous invite à un voyage intérieur. Alors que l'énergie monte dans le monde visible, elle nous pousse à descendre dans nos profondeurs pour sentir ce qui nous nourrit vraiment. C'est un appel à vérifier la solidité de nos racines avant de laisser nos branches s'épanouir.


🌳 Choisir son Terreau : L'Ancrage Conscient

S'ancrer ne signifie pas rester immobile, mais choisir activement la terre qui nous nourrit. La Marcheuse apprend qu'elle n'est pas obligée de puiser sa force dans un sol qui ne lui convient plus. Cet enseignement nous invite à observer notre environnement : les relations, les lieux, les croyances qui nous entourent. Sont-ils un terreau fertile ou un sol appauvri ? L'ancrage est un acte de souveraineté : celui de choisir où l'on plante ses racines pour grandir sainement.


✂️ L'Art de Couper et de Nourrir

Au cœur de la grotte, la Marcheuse ne détruit pas son passé, elle le trie. C'est l'enseignement central du Chant des Racines. Nous portons tous un héritage fait de dons et de fardeaux. Le travail intérieur consiste à développer le discernement pour identifier les racines qui nous portent (l'amour reçu, les forces transmises) et celles qui nous entravent (les peurs héritées, les croyances limitantes). Couper une racine n'est pas un reniement, mais un acte de libération nécessaire pour que la sève ne se perde pas à nourrir ce qui est mort.


🗣️ Faire Monter sa Propre Sève : L'Affirmation de Soi

L'énergie que la Marcheuse ressent à la fin est sa propre "sève" qui peut enfin circuler librement. En s'effaçant pour les autres, elle bloquait son propre flux vital. Apprendre à dire "non", à poser ses limites, à demander de l'aide, ce n'est pas de l'égoïsme ; c'est s'assurer que notre arbre intérieur est assez irrigué pour pouvoir ensuite offrir ses fruits et son ombre. S'affirmer, c'est permettre à sa propre force de vie de monter et de s'exprimer dans le monde.


🐻 La Grotte Intérieure : Le Courage de l'Introspection

L'Ours ne donne pas les réponses, il montre le chemin de la grotte. Toutes les vérités se trouvent à l'intérieur. Cette descente dans l'obscurité, qui peut faire peur, est en réalité un acte de courage protégé. C'est dans ce silence, à l'abri des voix extérieures, que l'on peut enfin entendre son propre "Chant des Racines". Ce que l'on y découvre donne le pouvoir et la clarté pour faire des choix alignés dans notre vie extérieure.


 
 
 

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